Anfeh, la petite Grèce

Anfeh - coucher de soleil
Coucher de soleil sur la mer à Anfeh

Comme d’habitude j’aurais pu nommer l’article Enfeh, Enfé et certainement d’autres variations que je n’ai pas trouvées.

Et oui, l’article s’appelle « Petite Grèce » et le coucher de soleil n’a rien à voir, j’avais juste envie d’illustrer avec une photo qui me rappelle avec plaisir ce très joli week-end.

D’abord entendons-nous bien sur le terme de week-end. Nous sommes partis du dimanche au mardi, parce que le lundi était férié en France (Pentecôte) et le mardi férié au Liban (j’y reviens). Les hasards du calendrier, le cumul des fériés des deux pays (merci à l’employeur de Madame) et l’abandon (non officiel) du « jour des vieux » en France nous a offert ce week-end à rallonge. Quatre jours pour profiter d’une nouvelle découverte.

Madame décide d’organiser un week-end et s’occupe de tout. Le week-end précédent c’est un peu court, tout est complet. Cette série de quatre jours tombe à point. Le samedi sera tranquille ici pour avancer le boulot à la maison, les devoirs, les trucs qui trainent (l’apéro du vendredi soir sans limite) et le dimanche direction la mer. Hein ? Pardon ? Oui, Beyrouth c’est aussi la mer, nous passons suffisamment de temps sur la corniche pour ne pas oublier, et puis de l’appartement nous voyons les flots bleus se parer du orange flamboyant d’un soleil qui s’éteint dans l’onde marine à l’horizon (c’est bon là ou j’en fais trop ?). Cependant comprenons-nous bien, ici quand les gens partent à la mer pour se baigner, cela veut dire qu’ils s’éloignent de Beyrouth, et plutôt franchement loin si possible. C’est soit Tyr au Sud, soit au minimum Batroun au Nord. L’idée étant de s’éloigner des égouts, des poubelles et des hydrocarbures.

Cette fois-ci ce sera Anfeh. Pourquoi (demandais-je à Madame devant sa détermination) ? Parce que c’est la plus belle ville du Liban ! Et comment le sais-tu ? Parce que c’est ce que m’a confié une collègue avant même que nous arrivions dans le pays, lors des échanges préliminaires (ne jamais les oublier ceux-là…). Ah ok, et pour info, elle vit où ta collègue ? A Enfeh (j’aime la variété dans la syntaxe) pourquoi ?

Pour celles et ceux qui voudraient plus d’information sur la ville, Wikipedia vous aidera (mais pas beaucoup), les anglophones profiterons de plus d’informations : https://en.wikipedia.org/wiki/Enfeh

Le taxi vient nous chercher à l’heure (et au bon endroit, cela progresse cette histoire, encore deux ans et nous serons bien au point) et nous voici partis pour 01:30 d’autoroute (ah ah ah, j’adore superposer l’image du trajet et de l’idée traditionnelle d’une autoroute) direction le nord. Trajet tranquille, pas d’embouteillage (à peine un ralentissement à la hauteur de Batroun), passage du Checkpoint (nous entrons au Liban Nord) anecdotique comme d’habitude. Tout au plus un trajet moins sympa pour petite Demoiselle qui est malade (de plus en plus fréquemment en voiture, la pauvre, mais elle garde le sourire).

Nous cherchons l’emplacement exact de l’hôtel, un gentil Libanais habitant la ville nous guide (nous étions juste à côté). Nous posons les valises (trop tôt pour avoir la chambre) et direction promenade en bord de mer et dans les ruelles alentours. La première impression est celle de calme, de tranquillité (ah tiens, il faut deux L ?) et de sérénité. La chaleur, l’heure de la sieste, les vagues qui s’écrasent sur les rochers en contrebas de l’hôtel, et les vaguelettes qui viennent se déposer sur les berges de la petite crique plus loin, tout contribue à cette atmosphère.

Le reste de la ville est tout aussi agréable. Quelques ruelles, ni trop étroites pour ne pas être étouffantes, ni trop grandes pour ne pas pousser les automobilistes à des vitesses folles, rendent la promenade reposante et nous permettent d’avoir les yeux sur l’architecture plutôt que sur le trajet. Un truc cloche, il nous faudra plusieurs minutes pour comprendre : aucune construction en hauteur, pas un immeuble ne dépasse 5 étages et ils sont rares. La plupart des logements sont des maisons mitoyennes de deux étages seulement. Cela explique en partie le fait de ne pas se sentir étouffé, écrasé.

Tout cela c’est bien mignon mais pourquoi la petite Grèce ? La réponse se trouve en bord de mer. Un ensemble de chalets (petits logements), de bars de plage et de petits restaurants. Le tout peint en blanc et bleu et formant un réseau de petites ruelles, d’escaliers, de passage au travers des terrasses. Et partout des escaliers qui descendent dans la mer. Ici pas de plage, pas de sable (beurk) ou de galets (aïe), un escalier (ou un saut pour les plus téméraires) et directement 2m d’eau transparente.

Petite visite chez l’amie de Madame, rencontre avec son mari qui s’avère être … le monsieur qui nous a renseigné en arrivant lorsque nous cherchions l’hôtel. Le monde est vraiment tout petit. Petite Demoiselle part jouer avec les enfants de la maison, nous prenons le jus de fruit, le gâteau, le café, le second gâteau (tout est fait maison, bien sûr). Et puis nous échangeons sans tabou sur la vie, l’économie, la crise, les études des enfants. Je vous ai déjà mentionné l’accueil et la gentillesse des Libanais ?

Direction le bord de mer, pour nous montrer un petit emplacement clos qui est privatif. Ce sera notre lieu de rencontre pour le lendemain pour passer une journée ensemble à se baigner et bronzer. En attendant Georges (le mari de Sabine, l’amie de Madame, ouf c’est clair ?) qui est originaire d’Anfeh, qui a grandit ici et dont la famille vit ici depuis … Oula, longtemps, connait tout le monde et nous présente une camarade d’école qui tient un restaurant. Ce sera notre point de chute ce soir.

En quittant le bord de mer nous nous arrêtons chez la maman de Georges pour faire connaissance, jus de fruit et petits gâteaux. Les Libanais sont vraiment accueillants naturellement, sans effort, c’est une vraie nature. Ma ligne en revanche est moins en phase avec tous ces gâteaux (pour aujourd’hui je lui dis de se taire, nous ferons du sport demain).

Enfin nous découvrons la chambre d’hôtel. Superbe, grand lit pour les parents et lits superposés pour Petite Demoiselle (un pour jouer, un pour dormir). Vue sur la mer, salle de bain moderne, déco chaleureuse (et une peinture de Goldorak dans le couloir ???). La terrasse est de l’autre côté de la ruelle (piétonne), c’est une terrasse sur plusieurs niveaux, avec une partie fermée pour le petit déjeuner. Pierres de tailles, finitions modernes et bien faites (aucune critique de ma part, c’est juste que ce n’est pas forcément la norme dans le pays). Un détail nous fera bien marrer : une grande télé dans la chambre, avec une connexion satellite qui ne fonctionne pas. Pourquoi une télé dans une chambre aussi jolie et dans le pire des cas (lit enfant, famille, toussa quoi) pourquoi un immense écran et pas de satellite correctement configuré ? Ce sera la petite touche locale : pour l’apparence !

Direction la crique en bas de l’hôtel, Madame et Petite Demoiselle se baignent, Monsieur prétexte l’absence de chaussures de plage (le sol est une roche ferreuse toute en piques, trous et surfaces coupantes) pour rester au soleil et faire une petite grimpette sur un rocher posé là comme sorti de nul part.
Ensuite une douche et nous partons pour le restaurant. Johnny (heu, c’est quoi l’orthographe pour une fille ?) nous accueille comme des VIP. Passée l’attaque des moustiques (des bombardiers de 10 cm. Heu, d’accord j’exagère, mais à peine) sur la terrasse qui surplombe la mer nous dégustons un dîner de la mer fabuleux : crevettes grillées au soja, barracuda (oui nous avons chanté…) et un poisson blanc dont j’ignore le nom. Tous choisis par Madame, avec les conseils de Johnny, encore tous frétillants à l’entrée du restaurant. Le tout arrosé de bière (et limonade pour Petite Demoiselle) avec des Samoussa en entrée. Le tout pour un tarif hallucinant : 250.000 LL, soit 15 euros pour trois le repas de poissons frais en bord de mer. Retour à l’hôtel où le générateur est en panne nous laissant dans le noir complet, je vous ai parlé des apparences ? Pour nous ce sera surtout l’occasion de fous-rires et de remercier Petite Demoiselle d’avoir pris quelques jouets qui éclairent afin de pouvoir faire pipi et se laver les dents sans en mettre partout.

Lundi petit déjeuner (Libanais) à l’hôtel en regardant la mer, glande au soleil sur la terrasse pour finir la nuit et marche pour découvrir une autre partie de la (petite) ville. Promenade sur la plage, où les moustiques gagnent la partie et nous chassent. Impossible de trouver un manouché ou une pizza, tout semble fermé. Et puis en achetant des fruits nous apercevons une dame qui livre un manouché. Monsieur fier d’étaler ses trois mots de Libanais (« Pardon, où Manouché s’il vous plait ? ») assisté par Madame (j’écris pas mais cela ressemble déjà plus à des phrases grammaticalement correctes) se fait conduire au magasin. Tu m’étonnes que nous n’avons pas trouvé : c’est fermé. Elle nous ouvre et Madame commande (Monsieur a atteint son quota de la journée pour le Libanais) trois Manouchés tous frais. Nous allons nous régaler dans un parc où Petite Demoiselle fait la connaissance de deux enfants.

L’après-midi sera consacrée à rejoindre nos nouveaux amis sur leur espace privé en bord de mer et à alterner bronzage et nage. Une phrase c’est peu pour résumer ces heures de plaisir à nager dans une eau claire et transparente, chaude à souhait et à se sécher sous un soleil (qui tape fort) avant de replonger accablés de chaleur.

Fin de journée, direction l’hôtel, une douche et nous partons à la recherche d’un restaurant. Nous voulons changer du poisson et la crise (Covid et financière) ne laisse pas tant d’endroits que cela. Nous tombons par hasard sur un bar-restaurant qui proposent des burgers (et d’autres plats, seulement ce soir nous sommes plutôt d’humeur « burgers en famille ») avec un patron qui parle français. Bonne soirée, échanges intéressants, chacun est curieux du pays de l’autre.

Mardi, petit-déj et lecture pour Monsieur et Petite Demoiselle. Madame a exprimé une demande toute simple : pouvoir disposer de quelques dizaines de minutes pour nager. Pour ceux qui ne nous connaissent pas personnellement il faut dire que quand Madame parle de nager il s’agit de natation, plus de jeux dans l’eau. Le genre à faire 3 ou 4 km en pleine mer et à revenir pour dire que l’échauffement était sympa qu’il est temps de démarrer la vraie session.

Nous lui laissons une heure et nous la rejoignons. Pour ne pas squatter l’espace de Sabine qui n’est pas là ce matin (mais nous le propose volontiers bien sûr) nous prenons une table à l’ombre (la vraie raison) dans le bar à côté. Baignade, bronzette, baignade, grignotage, baignade, je ne vous fais pas toute la journée, si ? Du monde arrive par bateau, transfert un sac sur un paddle et rejoint la côte à la nage. Il s’installe au bar, nous échangeons quelques mots, il nous propose le café et de fil en aiguille il semble qu’il soit le patron, ou un proche, du bar où nous sommes. Bilan nous partirons en ne réglant que les consommations, la table sera offerte (alors que cela représente 75% de la note). Ici on peut régler avec un sourire et une bonne histoire. Cela me rappelle les nomades d’antan (même si nous avons une vie infiniment plus confortable).

Et puis retour sur Beyrouth. Le taxi nous avait oublié, et je n’avais pas rappelé (je plaide coupable), cela nous laisse le temps pour un Chawarma avant de rentrer.

Un très bon week-end et un endroit tellement chouette pour se baigner que nous avons envie de revenir rapidement.

Ah oui, je vous avais promis de vous parler du férié de mardi. C’est un jour férié parce que c’est la fête de la résistance, le jour de la libération du Liban lorsque l’armée israélienne (oui je sais, je n’ai pas mis de majuscule) est partie. Sauf qu’ici tout le monde appelle cette fête « la fête du Hezbollah ».

Quelques photos (cliquez dessus pour agrandir) ? C’est parti.

Une réflexion sur “ Anfeh, la petite Grèce ”

  • 3 juin 2021 à 18:46
    Permalink

    Ah oui, ça a l’air très sympa ce petit bout de presque Grèce!!! J’aimerais bien une photo de Manouchés et de Chawarmas, kézako stp?!
    Des bisettes à vous 3!

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