La saison des plages est terminée, retour à la marche et à la découverte de nouveaux paysages. Cette fois-ci nous partons pour un lieu déjà visité sous la neige pour le découvrir au soleil. Direction la région de Laqlouq.
Madame avait déjà repéré cette randonnée quelques semaines auparavant. Après échange avec des amis nous étions partis tous en groupe pour une promenade autour d’une rivière et de ses sous-bois. Avec 4 enfants, dont deux encore plus jeunes que Petite Demoiselle, la prudence dicte le choix des trajets.
Cette fois-ci les défections sont nombreuses : déplacements professionnels, maladies et invitations des camarades pour les enfants. L’idée première de Madame refait surface. Au final nous partons tous les trois accompagnés de J. ce qui est toujours une bonne nouvelle. Petite Demoiselle et lui partagent une passion pour l’univers d’Harry Potter, et Madame et moi-même adorons son humour. Une belle journée en perspective.
Rendez-vous est pris pour 09:00 en bas de chez nous, le dimanche matin est toujours un peu critique, nous partirons finalement vers 09:15. Un arrêt pour acheter de quoi pique-niquer et nous voici au départ. Pour rencontrer un premier petit soucis. Madame a eu un problème avec son forfait téléphonique et se retrouve temporairement avec une ligne suspendue. L’application (WikiLoc) prévue pour fonctionner hors-ligne veut bien nous présenter le trajet *ou* notre position GPS mais pas les deux (pourquoi ?). Après quelques longues minutes, en partageant ma connexion, tout semble plus ou moins ok.
La randonnée est courte (9,5 km), facile dans l’effort (une montée et ensuite une redescente en douceur) et sur un trajet présenté comme aisé (quelques passages délicats en descente sans plus). Il est un peu moins de 11:00, nous avons donc 5 bonnes heures devant nous, ce qui même avec une pause repas tranquille nous laisse une bonne marge de sécurité.
Pour ceux qui serait éventuellement intéressés par plus de précisions voici le lien vers WikiLoc pour cette randonnée.
Le démarrage est cool, le sentier est agréable, la météo idéale (soleil et fraîcheur). Le chemin se fait plus raide, nous prenons de la hauteur, ce qui permet d’admirer les paysages et d’aiguiser les appétits. Madame fait le point régulièrement sur le GPS, tout va bien.
Après une heure et demi environ nous trouvons un superbe endroit pour déjeuner, avec vue sur la pyramide de Laklouk (Non, il n’y a pas de pyramides au Liban, c’est la forme de la montagne qui rappelle vaguement un tétraèdre qui lui donne ce surnom). Ainsi requinqués nous voilà parés pour la suite de la rando. Il est un peu plus de 13:00, le ciel est bleu, la chaleur du soleil et de la marche s’additionnent pour confirmer la beauté de la journée.
Le suivi du tracé exact s’avère plus problématique. Un écart ici, un chemin mal défini là, nous finissons par retrouver les marqueurs du LMT, que la randonnée suit sur une petite partie, après une courte escalade de rochers et de buissons épineux. Cela sonnera, avec le recul, comme un avertissement.
Les paysages sont sympathiques sans être originaux ou particulièrement étonnants. Les monts arides, la nature à perte de vue, quelques poteaux métalliques marquant les remontes pentes qui attendent la neige. Du déjà-vu, qui a le mérite de nous proposer de respirer un air pur et de profiter d’une campagne propre (trop loin des routes pour être salie par les marcheurs occasionnels) (oui en relisant cette dernière parenthèse je sens un côté hautain ou élitiste que j’assume totalement).
Puis arrive un passage un peu délicat. C’est à dire une corniche coincée entre la paroi en dévers et 20 à 30 mètres de vide se terminant sur des roches ne présageant rien d’accueillant en cas de contact brutal. Heureusement une chainette à peine rouillée et presque bien tendue permet de négocier le virage (ah ben oui, parce qu’en plus c’est avec une visibilité réduite). Mon angoisse habituelle quand Petite Demoiselle est dans une telle situation devant moi (alors qu’elle le gère très bien) se règle facilement avec l’habitude prise dans la Qadisha. Je reste en retrait sans regarder, pendant que Madame et J. surveillent l’avancée de notre jeune marcheuse.
À partir de là, le paysage change radicalement. D’abord entourés de roches usées, dressées vers le ciel, nous enchaînons quelques passages étroits dans un lieu désert pour terminer au sommet et découvrir devant nous une jolie descente, avec des arbres parés des couleurs d’automne. J. aura cette magnifique réflexion en accord avec la conversation du moment (Petite Demoiselle veut entamer la lecture du Seigneur des anneaux) : nous entamons le périple avant le Mordor. Là encore cette phrase aura valeur de prédiction.
Nous croisons une route (où un bus et ses passagers semblent attendre un randonneur égaré) puis traversons des vergers de pommiers. Cette partie champêtre offre une nouvelle perception de la région (et une pomme rafraîchissante au passage) et nous conduit dans un sous-bois, avec un joli sentier. L’heure tourne, nous ne devrions plus tarder.
C’est à partir de là que la situation dérape. Sans aucun instant de bascule, dans le genre perte de signal GPS, blessure, cascade barrant la route ou autre événement majeur. Juste un léger glissement, suivi d’un autre et d’une foulée d’autres encore. Des petits décalages sur la trace GPS, un passage mal indiqué (ou mal lu de notre côté), un erreur d’interprétation.
Nous voici à redescendre dans le creux de la vallée, en sortie de ce sous-bois avec ses branches de merde qui s’accrochent partout, les feuilles entassées qui créent des patinoires d’automne, les pierres qui roulent et aucun putain de marqueur pour baliser le chemin. Je décide de poursuivre dans le lit à sec de la rivière jusqu’à la route toute proche, j’entends les appels de Madame derrière : le GPS indique de remonter l’éminence devant nous. Pourquoi l’ouvreur a eu l’idée d’enchaîner les descentes et les remontés ? Enfin bon, pas d’hésitation, nous sommes presque sur le tracé, go !
Alors « presque sur le tracé », selon le niveau de zoom de la carte cela fait toute la différence entre « passer entre les deux sommets pour retrouver la voiture » et « remonter une montagne pour rien ». Le soleil est en passe de disparaitre derrière les sommets pour aller plonger dans la mer. Plus le temps de discuter, hésiter, recalculer : direction le sommet, en mode rando-escalade. Nous arrivons épuisés à la croix tout en haut, nous apercevons la voiture en bas, il n’y a plus qu’à … Sauf qu’aucune voie ne se présente qui soit praticable pour Petite Demoiselle (et pas sûr qu’elles eussent été plus praticables par les adultes). Le soleil a disparu, reste la lumière résiduelle, le temps passe vite, très vite. La seule option raisonnable est de revenir sur nos pas et de retrouver le lit de la rivière, la route et le parking. La descente du pierrier n’est pas aisée. Tout le monde se motive, se presse sans se précipiter et nous arrivons tout en bas avec les dernières lueurs du jour. Nous longeons la route à la lampe sur les quelques centaines de mètres qui restent, éclairés également par la lune qui est de sortie. Arrivée à la voiture, tout le monde va bien et l’aventure laissera de bons souvenirs.
16 km, l’équivalent de 170 étages de dénivelés positifs (et négatifs ensuite), 90 minutes de voiture pour le retour (les embouteillages du dimanche soir) et surtout une bonne douche plus tard, nous voici épuisés mais heureux.
Quelques photos pour terminer, les deux dernières sont la vue de la voiture depuis le sommet et la vue du sommet sous la lune, depuis la route, 30 à 40 minutes plus tard.