Le salaire de la peur

Bien sûr il s’agit de la version N&B de 1953.

Ou comment la vie d’expat se compose de visites, soirées, découvertes et de grosses galères quand les choses s’emmêlent.

Non la vie d’expatrié n’est pas uniquement constituée de paillettes, de soirée champagne et petits fours (ou de plaisirs moins légaux selon vos goûts, le pays de destination et votre moralité). C’est aussi une vie dans un pays étranger, avec une nationalité française (enfin dans notre cas, il y a également pas mal de binationaux) et un équilibre parfois précaire entre deux administrations et jeux de papiers officiels.

Dans le cadre de cet article j’aborde la petite anecdote d’un cumul de mauvais choix, d’erreurs des un(e)s et des autres et de rencontres faisant varier les envies entre le remerciement larmoyant et l’étranglement avec arrachage des yeux.

Tout commence il y a un millénaire, à la naissance … Hein ? Ah oui, mauvaise anecdote.

Tout commence cet été, en France, lors de la période de vacances et de visite du pays natal. Madame et Monsieur s’aperçoivent que leur passeport respectif arrive à échéance en janvier 2022. Comme la carte de résidence du Liban est liée aux passeports en cours, décision est prise de renouveler les papiers une fois de retour au pays du levant en septembre.

Arrive septembre, le retour et la reprise de la scolarité. Il s’avère que les délais pour le renouvellement de la carte de résident se sont allongés de manière très marquée. Les cartes en cours expirent en octobre (impossible d’avoir des cartes de plus d’un an), finalement changement de plan. Nous débutons par les cartes de résidents puis les passeports ensuite. Voilà, tout est bien, nous remplissons le dossier, la personne en charge (Côté français. Non, ne me demandez pas de nom.) valide le dossier, tout est cool. La vie est belle, retour aux plages et petits fours (vous savez que c’est une blague pour les petits fours, hein ?).

Les choses trainent vraiment, encore plus que prévu, genre la carte en cours est expirée, toujours sans nouvelle, et Monsieur doit faire un aller-retour en France (pour le taff, difficile de décaler). Enfin la convocation pour les prises d’empreintes arrive. Voilà tout va se régler facilement, ouf ! Sauf que (ben oui si tout se déroule bien il n’y a pas d’anecdote) … la militaire qui nous reçoit nous annonce qu’elle ne peut pas faire une carte de résident valable un an avec un passeport valable 3 mois ! Oui, c’est logique, manque de réflexion de notre part et surtout le dossier aurait dû être retoquer dès le départ (côté français donc), ce qui aurait fait gagner 2 mois.

La situation est donc la suivante : plus de carte de résidence, besoin de sortir du pays (novembre pour Monsieur et décembre pour toute la famille) avec quasi-impossibilité de rentrer puisqu’un visa touristique nécessite un passeport valable 6 mois minimum. Soirée « panique à la maison ».

Après quelques heures, le temps de se reprendre, Monsieur fait le tour de tous ses contacts pour trouver une solution. Ce sera sortie du pays sans carte de résident (avec un justificatif de demande en cours), retour sur un visa touristique (en espérant une faveur pour la validité du passeport), renouvellement des documents en urgence avant le départ de Noël, retour en visa touristique et enfin passage par la sûreté générale pour obtenir les nouvelles cartes de résident sur les nouveaux passeports. Ouf, tout est calé, tout est légal, tout est nickel.

Et me voici parti pour la France. La sortie se fait comme prévue (bien que petit coup de stress quand le douanier me redirige vers un bureau à part, que l’on me reprend la carte de résident périmée et que j’attends mon tampon de sortie) avec des douaniers Libanais vraiment souriants, sympas et compréhensifs.

Retard de l’avion, correspondance à Paris ratée, 6 heures d’attente dans l’aéroport, en tee-shirt, en novembre …

Une semaine plus tard départ de France pour rentrer ici. Et là cela ne se passe pas bien du tout, mais alors pas du tout !

Première étape : l’embarquement du matin (je passe par Paris, avec AirFrance). La gentille hôtesse d’accueil me refuse ma carte d’embarquement au titre que je n’ai pas le document de mon assurance garantissant un rapatriement en cas de Covid. Problème : le document n’est plus exigé à l’arrivée (il ne l’a jamais été d’ailleurs) ce qui fait que je ne l’ai pas. Sauf que la dame se contrefout (et me le dit textuellement) de la réalité, elle a une liste et ne veut pas en sortir. Je n’ai qu’à demander à mon assurance la papier (à 07:30 du matin ? Tu n’as jamais eu à appeler la partie administrative d’une assurance en dehors des heures de bureau ?). J’appelle Madame en urgence, des fois qu’elle ait une copie, je me connecte sur le site (en panne ce matin là, forcément, Murphy’s rule). Finalement je tente un document pourri (retouché avec Gimp) et surtout je change de guichet. L’hôte d’accueil ne regarde pas le document et m’explique qu’ils sont censés ne plus bloquer les embarquements pour cela parce qu’ils savent que les listes ne sont plus à jour. Là j’ai eu envie de l’embrasser et d’aller assassiner sa collègue. Ma sagesse légendaire et mon calme habituel (la première qui rigole est bannie d’ici) prennent le dessus et je me contente d’un « Merci Monsieur, bonne journée. »

Deuxième étape : l’embarquement à Paris. Le passage aux douanes se faisant en mode automatique (un appareil photo et un scanner dans une cabine) aucun soucis sur ce point. Au moment de prendre le bus (ah ben oui parce que tous les avions ont eu du retard, et que presque à chaque fois j’ai du débarquer/embarquer en bus) l’hôtesse de l’air (au sol, j’adore ce concept) me dit qu’elle ne peut pas me laisser partir sans billet retour !

« Mais madame, c’est mon billet retour, l’aller c’était pour venir, j’habite là-bas, pas en France.
– Dans ce cas vous avez une carte de résident ?
– Non elle est en cours, j’ai une attestation.
– Ah ben oui mais moi je ne connais pas alors ce n’est pas bon ! Et puis votre passeport est trop proche de la fin.
– Oui je sais, le RdV est déjà fixé sur place pour tout faire. C’est validé avec les douanes sur place aussi.
– Attendez j’appelle une collègue pour décider.
« 

Encore des explications, du stress, un grosse dose de charme et une touche de PNL (je me rattraperai avec des séances bénévoles pour racheter mon éthique) pour monter dans l’avion.

Dernière étape, l’épreuve ultime, la plus risquée : l’entrée sur le territoire. Bon ben 2 minutes, un sourire, un tampon et un visa touristique sans condition.

Tout n’est pas encore 100% à jour, il ne faut pas que les délais prévus pour le reste cafouillent. Nous remercions le consulat de France pour sa réactivité pour refaire les passeports (alors qu’ils sont débordés et que je suppose que cela ne doit pas les faire rires les idiots qui ne prévoient pas correctement), les autorités ici pour leur cool-attitude, et franchement moins le personnel AF à l’embarquement pour le manque de dialogue (bon en même temps ce sont les mêmes qui l’an dernier ne voulaient pas me laisser embarquer parce que je n’avais pas de visa. Mais madame j’ai une carte de résidence, donc plus de visa touristique, je suis résident, voici ma carte. Ah ben oui mais moi je sais pas, je veux un visa de tourisme c’est tout !).

Et conseil pour les expats ou futurs expats qui passeraient par ici : refaites vos passeports le plus tôt possible, il est visiblement possible de garder l’ancien s’il est lié à une carte de résidence en cours.

Reste à espérer que tout se termine mieux que dans le film qui sert de titre à l’article.

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