Quand on arrive en ville

Coincé entre les vacances de Noël (retour en France) et le nouveau confinement (à partir de jeudi 7 janvier 2021) le jour férié en l’honneur du Noël Arménien nous permet une nouvelle randonnée dans notre ville d’adoption.
Direction le sud-ouest de la ville pour explorer de nouveaux quartiers.

Nous retrouvons une amie à Hamra et direction Ras Beirut, que nous traversons rapidement suite à de nombreux allers et retours dans le coin. C’est un quartier assez semblable à Hamra, avec quelques secteurs plus chics (comprendre restaurants chers où l’on s’expose en terrasse avec un gros cigare, magasins hors de prix et femmes de différents âges refaites comme des scooters volés) et surtout un mélange des populations et des habitations.

Nous continuons vers le sud, traversons Ain El-Tineh sans s’apercevoir du changement de quartier et arrivons à Unesco. Je n’arrive pas à trouver comment un quartier a pu prendre le nom d’une organisation internationale, ni à quelle date. La tour de l’organisation n’est pas ici, elle se situe dans le secteur d’à-côté.

Ici règne l’habituel paradoxe Libanais, comme l’illustre la photo ci-dessous où se juxtapose un immeuble neuf, une ruine et une construction qui ne sera sans doute jamais terminée.

Et puis quelques mètre plus loin nous apercevons la mer. Une plage de sable (oui de sable, pas des rochers pointus qui font mal aux pieds) nous attire irrésistiblement et nous découvrons Ramlet al-Baida. La dernière plage publique de Beyrouth, ultime résistance de l’accès gratuit à la mer face aux complexes privés dont les tarifs représentent un budget quotidien incompatible avec les plus modestes (avant la chute de la LL et avec pas mal de monde depuis).

Nous traversons la deux fois deux voies qui bordent la côte, descendons une volées de marches et nous voilà sur le sable. Quelques enfants se baignent (la température de l’air est de 22, nous sommes en tee-shirt, lunettes de soleil sur le nez) ou font des châteaux de sable. Un ou deux jouent sur les balançoires ou courent le long de l’eau. Les mères mirent la mer (oui je sais, c’est juste pour la phrase, les papas sont présents aussi mais cela pourrissait la sonorité) en fumant le narguilé. Un tableau idyllique ? Non, je blague. C’est une plage publique. Publique comme dans « entretenue par la mairie » (ou le secteur, ou le quartier ou les services d’état), synonyme de, ben disons d’un certain relâchement dans l’entretien annuel.

Plutôt que de longs discours, quelques photos.

Les balançoires sur la plage
Une douche en sortant des cabines ?
Faites que ce soit les eaux pluviales qui sortent de l’égout

Pourtant le quartier en lui-même est plutôt joli et soigné. Le trottoir qui longe la plage et qui se transforme un kilomètre plus loin en la célèbre « Corniche de Beyrouth » est large, propre, avec de superbes réverbères au design moderne. Les immeubles alentours sont dans la moyenne haute en termes d’apparence, d’espaces verts et de finition.

Étonnés, malgré l’habitude, nous poursuivons vers le nord, reprenons la corniche et avec un dernier regard sur la mer nous retrouvons Hamra pour un confinement de trois semaines. Mais déjà les commerçants affichent leur refus, tel ce magasin m’annonçant qu’il suffira de frapper à la porte pour profiter de la boutique dès demain.

12 kilomètres de marche, une journée ensoleillée, il est temps de nous rendre à l’invitation du soir pour partager la galette.

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