The Northman

Et non pas de viking, pas de ré-écriture d’Hamlet sauce combat d’hommes musclés. Simplement un titre un peu provocateur (putaclic en langage web) sans lien avec le film actuellement sur vos plate-formes de téléchargement écrans pour vous annoncer que nous sommes partis dans le Nord !

Oui, j’aurais pu faire une phrase encore plus pourrie pour rappeler un autre film sur le nord (de la France cette fois), franchement moins classe, non ?

Mercredi était férié (25 mai) pour cause de jour des Martyrs, jeudi c’était l’Ascension (suivie par les écoles françaises), vendredi le pont qui va avec et bien sûr les deux jours du week-end. 3 personnes, 5 jours, 7 possibilités … (Décidément je suis dans les références ciné aujourd’hui).

Nous avons la chance d’avoir un ami ici qui est de la région du Akkar, tout au nord du Liban. Et encore plus de chance d’être invités chez lui pour découvrir la région.

Mercredi matin aux environs de 09:00, après être tombés du lit, nous sommes en bas de chez nous, au garde à vous. Charbel (je me permets de donner son prénom parce que dans les régions Chrétiennes c’est sûrement le prénom le plus usité, cela reste une forme d’anonymat) passe nous prendre avec sa voiture. Il « préfère utiliser ma voiture plutôt que la votre, vous allez voir c’est spécial ».

Pour contextualiser un peu vous pouvez lire l’article wikipedia sur la région du Akkar. Pour contextualiser un peu plus disons que la région complète est en zone rouge, à savoir « déconseillée pour les voyageurs français » et pour ceux travaillant pour le gouvernement français (ambassade, ministères, armée) « interdite » (avec un risque de retour au pays selon l’humeur du jour). Nous sautons donc sur l’occasion de la visiter en compagnie de quelqu’un qui la connait bien, qui parle la langue et qui sait où aller.

Mettons fin au suspens immédiatement, cet article ne va contenir aucun moment intense nous décrivant face au danger, des hordes de terroristes venues du Syrie nous encerclant irrémédiablement. Le plus grand danger que nous avons dû affronter fut un combat épique, malheureusement perdu d’avance, contre une trentaine de moustiques qui avait pris possession de la chambre et comptait bien utiliser tout ce sang à disposition en le pompant goutte par goutte.

Reprenons le cours des deux jours.

Départ de Beyrouth, direction l’autoroute et cap au Nord. Nous faisons un arrêt au musée Nabu. Notre guide nous explique l’histoire de ce musée, assez représentative d’un mode de pensées (les propos ci-dessous et le commentaire précédent sont des citations faites de mémoire).

Musée Nabu vue de sa plage

La famille à l’origine du musée possédait une très belle collection d’antiquités. Antiquités qui apparurent rapidement acquises de manière pour le moins douteuse (oui c’est bien un euphémisme volontaire !). Alors que faire ? Les rendre ? Risquer la prison ? Mieux : ouvrir un musée et les exposer. Difficile de poursuivre un lieu offrant gracieusement accès à une telle collection.

Voilà pour la petite histoire. D’un point de vue de touriste non spécialiste des affaires de pillages (non, parce que de ma vision personnelle, je ne vois pas bien pourquoi couvrir le lieu d’oppobre et ne pas inquiéter le Louvre ou son directeur. Ah, on me dit dans l’oreillette que c’est corrigé…) le lieu présente l’avantage d’être joli de l’extérieur, de proposer une collection de photographies restaurées sublime(s) (la collection et les photos) et plusieurs pièces originales de grands peintres Libanais (pour la justification de l’utilisation de la majuscule voir les premiers articles de ce blog).

Nous repartons pour notre destination finale (vous avez la réf ?), dépassons Tripoli (Liban, pas Libye !) dont le bref aperçu nous fait anticiper le plaisir du samedi à venir (et le thème du prochain article je pense). Sortie nord de la ville et nous commençons à comprendre pourquoi notre ami tenait tant à conduire. Comme partout sur cette autoroute (qui pour l’anecdote s’appelle M51 sur les logiciels de cartographie, alors que c’est la seule du pays) nous roulons à 4 de front sur deux files. Particularité locale : une cinquième file, tout à droite, pour les véhicules qui remontent à contre-sens, et je ne parle pas des traditionnels scooters mais des voitures ou camionnettes !

Un nouveau Checkpoint et le paysage change, alternant des zones cultivées bordées de camps de réfugiés Syriens, des plaines plus « sauvages » et quelques forêts à l’horizon. La vue porte loin, très loin, ce qui nous change agréablement de la capitale et des randonnées en montagne. Le long de la route, ou en traversant quelques petits villages, quelques regards nous confirment que les touristes sont rares. Ce sont des regards curieux, étonnés mais toujours accueillants et souriants.

Plaine du Akkar et de la Syrie
Forêt en Akkar

Notre guide, qui est un puits de science en archéologie, architecture, géologie et histoire, nous fait visiter quelques églises, des villages typiques, et nous terminons la journée touristique par un monastère dont la pierre noire prend une apparence magique au soleil couchant. En contre-bas se trouve une rivière. Ce petit ruban bleu reflétant l’or du crépuscule c’est la frontière avec la Syrie.

Plus proche de la frontière ce n’est pas possible. En face c’est la Syrie

Un apéro partagé avec le papa de notre ami et nous allons dîner dans le village voisin (Kobayat). Nous prenons l’ampleur de la catastrophe économique. Le Liban va mal, et le nord a toujours été oublié, maltraité, plus pauvre que le reste du pays. Nous nous asseyons dans un restaurant et ne sommes que la seconde table occupée. Charbel nous explique qu’à cette saison nous n’aurions pas dû pouvoir nous asseoir sans réservation, surtout que sur les 3 lieux de Kobayat c’est le seul encore en activité.

Le lendemain visite de Menjez , notre lieu d’accueil. Les maisons sont basses (deux étages), avec des jardins, de belles façades. C’est un superbe petit village. Nous découvrons des monolithes et des lieux de sépultures pré-historiques. Quelques kilomètres plus loin ce sont des ruines romaines et byzantines, les traces d’une fabrique romaine pour l’huile.

Le soir approche et il est l’heure de reprendre le chemin du sud. Bien sûr nous ferons un arrêt chez notre ami, pour déposer son père qui rentrait sur Beyrouth, faire la connaissance de sa mère, prendre un jus de fruits, un café. Je vous ai déjà parlé de l’hospitalité libanaise ?

Une courte nuit de repos et suite du long week-end à venir…

Une réflexion sur “ The Northman ”

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