Tourisme de base

La grotte de Jeita

Le problème d’habiter quelque part c’est cette impression que tout ce qui est proche pourra toujours se visiter plus tard, enfin n’importe quand, c’est à dire bientôt ou jamais. Ce week-end nous avons choisi de partir … à côté de chez nous.

Le Liban … Ses forêts de Cèdres (avec une majuscule parce que le peu d’arbres encore debout sont souvent exceptionnels, des individus à part entières et pas juste des troncs avec des branches), ses plages, ses randonnées dans la montagne lointaine (oui, d’accord, pas si lointaine que cela mais cela rend mieux). Certains endroits sont presque inaccessibles, comme Baalbek à l’est du pays, proche de la frontière Syrienne et surtout proche des différents entre clans locaux. Baalbek, confiné dans la « zone rouge » déterminée par le ministère des affaires étrangères (ou l’ambassade, je ne suis pas certain de qui décide). Ce qui signifie que la plupart des expats visitent quand même, en espérant juste que tout se déroule bien (sinon c’est le risque de retour en « vol bleu », mauvais signe pour les prochaines expatriations, voire pour la carrière des personnels ambassade, armée, etc.).

Mais le Liban c’est aussi Beyrouth et sa proche banlieue. Et ce dimanche de week-end prolongé (pour cause de deuil national vendredi et de férié lundi) nous avons décidé de visiter local ! Rendez-vous est pris avec une collègue de Madame nouvellement arrivée (la collègue, pas Madame, faut suivre un peu !) et nous voilà partis pour Jeita, Harissa, Jounieh.

Le trajet du matin est assurée par une copine en partance pour Tripoli, à 6 dans la voiture (pas de soucis, nous sommes au Liban c’est autorisé, enfin tout le monde s’en moque quoi et puis la sixième est Petite Demoiselle, elle ne prend pas beaucoup de place). Notre chauffeuse (bizarre au féminin, hein ? Cela fait limite salace) a la gentillesse de faire un détour pour nous déposer à Jeita.

Les grottes de Jeita sont peu connues à l’étranger (enfin il me semble, détrompez-moi si ce n’est pas le cas) et pourtant elles sont exceptionnelles. Plus grandes grottes au Monde, elles abritent une des plus grandes stalactites jamais découvertes. Oui au pluriel puisque le site est composé de deux grottes. Celle du niveau inférieur se visite en barque électrique, sur une toute petite portion (le reste ce sont des plongées réalisées par des spéléologues), celle du niveau supérieur se visite à pied. Chose étonnante (oui je sais, je suis méchant) pour le pays, les passerelles sont très bien aménagées pour permettre une belle visite sans dégrader les lieu, des gardiens sont postés un peu partout pour donner des informations et vérifier que personne ne touche la pierre, ne prennent des photos (à cause de la lumière des flash) ou ne fasse quoi que ce soit de stupide (là je vise tous les touristes sans distinction de nationalité). Pendant le trajet en voiture Madame m’apprend même que les grottes ont été dans les 14 finalistes pour Les sept nouvelles merveilles de la nature.

Je ne vais pas vous mentir, j’ai déjà fait quelques grands sites en France et franchement j’arrivais un peu blasé. La vision de l’extérieur (disons que l’on sent bien que le site a déjà connu de meilleur jour et une plus grande fréquentation) n’arrangeait rien. Le petit train pour se balader de l’entrée aux accès de chacune des deux grottes était l’unique solution (enfin il est possible de marcher, les distance sont courtes) depuis la mise à l’arrêt du téléphérique.

L’accueil/billetterie des grottes de Jeita

Et puis devant l’entrée de la grotte inférieure une statue m’interpelle. Sans raison, c’est une variation sur le thème d’Atlas (le globe terrestre est sur une autre sculpture en face de celle-ci), juste un truc dans la forme, le style.

L’Atlas de Jeita

Nous voilà à l’entrée de la grotte supérieure. Nous déposons les appareils photos (enfin, les téléphones) descendons quelques marches et là … la gifle ! Les proportions de la grotte sont énormes (Pilote si tu dis CMB tu es banni). Les draperies, les colonnes, la hauteur de plafond, la longueur de la grotte, tout est hors normes. La caverne est ouverte sur 750m, sa longueur totale est de plus de 2 km. La hauteur atteint 120m (sans compter le puits d’accès depuis la grotte inférieure qui a permis d’atteindre celle-ci et qui dépasse les 180 m de profondeur). Le système de galerie a été exploré sur près de 10 km et tout n’est pas découvert. La plus grande stalactite du monde (ou une des plus grandes) est visible ici : 8,20 m !

Pour tous les détails techniques et historiques je vous renvoie à l’article Wikipedia.

Alors là je devrais vous mettre un superbe diaporama, avec un enchaînement de photos toutes plus belles les unes que les autres. Sauf que les prises de vues sont interdites et les cartes postales en vente à la boutique très rares. Du coup je vous laisse explorer Internet à la recherche de photos de l’intérieur des grottes. Ah ben oui c’est comme cela. Sinon l’autre solution c’est de venir en vacances ici et de visiter vous-même.

Notre périple n’était pas terminé. Direction Harissa.

Harissa

Le nom désigne à la fois le lieu du sanctuaire de Notre-Dame du Liban et l’ensemble des bâtiments (diverses églises et sanctuaires). Encore une fois Wikipedia est votre ami pour les détails sur les dates et les origines.

Ce qui frappe en arrivant sur site c’est le style résolument moderne et pourtant très bien intégré à la statue géante de la Vierge et à l’environnement.

Après un bon moment à se protéger de la pluie dans une des chapelles, puis à profiter de l’ambiance méditative des lieux nous décidons qu’avec toutes ses prières (Petite Demoiselle est dans une période mystique mélange de monothéisme et animisme) nous ne risquons rien pour notre prochaine étape.

Jounieh

Jounieh est une ville côtière, très proche de Beyrouth. Les informations officielles sont sur l’encyclopédie usuelle.

Pourquoi faudrait-il la protection de tous les Saint du sanctuaire (et ils sont nombreux, une douzaine avec un autel chacun au pied de la Vierge) pour visiter la banlieue de Beyrouth ? Ce n’est pas le lieu qui est propice à susciter des vocations même chez les athées les plus endurcis, c’est le mode de transport. Plutôt que de prendre un taxi nous options pour un moyen rapide, pas cher et qui devrait offrir de belles vues : le téléphérique.

Tout se passe bien, jusqu’au moment de monter dans l’œuf minuscule : la mise en route de chaque cabine est assurée manuellement par un gentil monsieur (à ce moment là tous les mecs qui s’occupent du site vous paraissent gentils) en tirant sur une cordelette ! Pu…rée (il y a des mineurs ici) je n’avais pas vu un système aussi archaïque depuis … heu … jamais en fait. Bien sûr, puisque vous lisez ces mots que j’ai donc pu écrire, tout c’est très bien passé. D’ailleurs depuis sa mise en service en 1965 le téléphérique n’a connu que deux incidents mineurs et ne déplore à ce jour aucun blessé. Sans vouloir faire mon moqueur, certains téléphériques français devrait prendre des leçons (je vous laisse consulter les archives).

Petite Demoiselle adore le trajet (elle voulait remonter de suite) et la vue est superbe. Nous « survolons » la forêt qui couvre une partie de la montagne, la ville de Jounieh et même l’autoroute (étrangement vide en raison d’un week-end prolongé, d’une pénurie d’essence et de l’horaire).

Arrivés à bon port après avoir découvert la baie de Jounieh vue du haut (à faire au coucher de soleil parait-il, nous reviendrons) et Beyrouth au loin sous les nuages, nous décidons de marcher un peu dans la ville avant de prendre un taxi.

Les rues sont étrangement semblables à celle d’une ville moyenne en France. Trottoirs larges, pavés travaillés, belles façades très occidentale. Une discussion avec un patron de pub nous apprend que quelques années en arrière (trois ou quatre, pas très ancien) les rues étaient bondées, avec des bars, des restaurants et des boîtes de nuit un peu partout. Ce qui explique la richesse des lieux et le côté « neuf ».

Autre sujet d’étonnement : les noms des boutiques. Beaucoup de Chrétiens avaient trouvé refuge ici lors de la guerre civile, et sont restés ; les enseignes en témoignent avec leurs noms français.

Et pour finir cette journée forcément un morceau de gentillesse Libanaise.

Nous décidons d’appeler un Uber (je déteste normalement, mais ici les paiements sont en espèces et la plate-forme ne voit pas passer grand-chose…) et personne de disponible. Nous poursuivons notre chemin et un vieux monsieur attend à côté de son taxi. Sauf que Beyrouth c’est trop loin pour lui et le retour à vide avec les nouveaux tarifs de l’essence.

Direction la brettelle d’accès à l’autoroute (enfin la voie express avec les piétons, les scooters, les magasins en bord de route) en espérant trouver un bus (qui s’arrête sur un simple signe, pas d’arrêt officiel, c’est quand même largement plus pratique quand vous êtes perdus). Et là un taxi nous klaxonne (méthode locale pour savoir si vous avez besoin d’un taxi, c’est tout à fait normal et correct). Alors soyons descriptifs : Monsieur, Madame, une copine et Petite Demoiselle, le soir arrivant (et donc bientôt la nuit), sur une bretelle d’accès, à pied et visiblement pas du coin. Oui, vous aussi vous sentez les pigeons en puissance ? La troupe prête à tout pour rentrer sans se faire 17 bornes à pied ? Je demande quand même au chauffeur, sans illusion, et il nous demande 100.000 LL. C’est à dire largement moins cher que je moins cher des Uber ! Le pire c’est que sur le trajet des manifs risquent de bloquer l’autoroute pour son retour, donc notre cop’s laisse un pourboire pour compenser, et qu’il nous dit que c’est trop, que nous étions d’accord sur le prix, etc.

Comme quoi certains taxis sont honnêtes et ont des mamans avec des emplois plus classique que ceux de mes articles précédents.

Un bon dimanche, de belles découvertes.

Une réflexion sur “ Tourisme de base ”

Laisser un commentaire