La série de 5 jours se poursuit (voir l’article précédent) et nous voici en visite à Tripoli. Nous sommes toujours au Liban ! Ne pas confondre Tripoli en Libye (Pays pauvre, soumis à la corruption, en guerre, jouet des puissances étrangères) et Tripoli au Liban (Pays … Heu laissez tomber). C’est parti pour une journée de folie dans la seconde ville du Levant.
Comme nous l’a appris notre ami lors de la découverte du Akkar, c’est même techniquement la seconde des deux seules villes du Liban, les autres (Tyr, Saïda) étant des agglomérations ne portant pas le nom de ville en Libanais (Medina).
Pour tout savoir sur Tripoli comme d’habitude Wikipédia est votre allié. Pour résumer c’est une grande ville, au Nord, principalement sunnite. Elle est célèbre auprès des touristes pour sa forteresse et son souk (un des derniers, si ce n’est le dernier, souk traditionnel de cette taille). Elle est célèbre auprès des autorités et des journalistes pour ses blessés réguliers lors des tirs en l’air (mariage, enterrement, élection, manifestation, bref tout est bon pour faire du bruit). À cet instant la petite intello du premier rang me demande en quoi des tirs en l’air provoquent des blessés, et je lui réponds « attends le lycée pour étudier la gravité, la formule de la vitesse en chute libre et la masse d’une balle de kalach », le principe de base étant que tout ce qui monte doit redescendre (le premier d’entre vous qui pense « disait la jeune mariée » est banni à vie de ce site).
Samedi matin nous voilà en bas de chez nous où nous avons rendez-vous avec J. qui a déménagé de Hamra vers Achrafieh en même temps que nous, un pote à lui en visite pour quelques jours et surtout A. sa tendre moitié (à J., pas au pote) qui partage son temps entre la France et le Liban. Et qui est surtout, en ce qui concerne cette journée, originaire de Tripoli. La guide parfaite pour découvrir la ville. Pour plus de confort nous partons à deux voitures. Rien ne s’oppose à se tasser à 6 dans un seul véhicule si ce n’est la place pour les jambes et notre envie de ne pas rentrer trop tard puisque le lendemain matin ce sera réveil à 06:00 pour une randonnée (pas d’article sur ce jour là. Sachez juste que nous avons rencontré un super groupe de marcheurs, profité de la montagne le matin et terminé la journée avec des potes sur la plage préférée de Monsieur à Jbeil, un dimanche tranquille quoi.).
Le trajet se déroule sans difficulté, Madame au volant prenant soin d’être encore plus prudente que d’habitude aux alentours de Tripoli à cause des usagers à contre-sens. Nous laissons les deux voitures dans un parking public (8.000 LL la journée, soit 25 centimes) et A. nous présente sa ville.
Première impression : c’est plus aéré que Beyrouth. Des espaces verts, des arbres le long de larges avenues, des immeubles plus bas. La ville a été tracée de manière moins anarchique (enfin pour le centre). Nous visitons le centre, ancienne partie bourgeoise qui se déplacera ensuite sur l’extérieur à la première extension, puis encore plus loin par la suite. Des traces de maisons traditionnelles (balcons en bois, pierres taillées, fenêtres en ogive) s’offrent à notre vue un peu partout. Un café dans un bar mélangeant différents styles (turc, oriental, européens et même trois grosses Harley dans la grande salle) et nous partons nous perdre dans le souk.
Pour être exact dans *les* souks, avec le khan des tailleurs (en longueur), le khan du savon (autour de l’usuelle place carrée), une partie plus touristiques (prix en dollars !) et enfin le secteur alimentaire. Pour la première fois depuis notre arrivée dans le pays, et même dans cette ville précise, nous ressentons le poids des regards, surtout dans cette partie du marché. Les touristes sont moins nombreux à Tripoli (classée régulièrement zone à risque) et presque totalement absent dans la zone alimentaire. Madame et A. sont habillées à l’européenne (bras nus, pantalons courts ou robe) et toutes les femmes ici sont voilées. Aucune remarque, aucun geste déplacé, aucune menace sous-entendue, juste des regards appuyés, cependant comme c’est une grande première cela nous surprend.
Bien sûr Monsieur craque sur un gilet (non mais sérieux un truc immanquable, mélange de coupe classique et de matière type jean décontracté), Petite Demoiselle sur un gilet blanc et Madame sur une robe d’intérieure Libanaise (qui sera bien pratique plus tard dans la journée). Les prix sont vraiment meilleurs qu’à Beyrouth (et je ne vous fais pas l’affront de parler de la France) et surtout c’est fait main localement. C’était l’instant touriste-consommateur …
A l’intérieur des ruelles se cache un hammam encore en service et comme il est trop tôt pour les clients nous pouvons le visiter. Le lieu est très joli, les serviettes en soie ont plus de 100 ans, les mosaïques et les mini-puits de jour en verre coloré donnent une ambiance magique.
Vient la visite de la forteresse. Pour être plus précis la citadelle (ou le château) de Saint-Gilles. Et oui un Comte de Toulouse a construit un des monuments les plus célèbres de tout le pays ! Hein ? Est-ce que je suis certain de moi ? J’ai des sources ? Mais oui Monsieur ! Tout le monde le sait et « Tout le Monde » est toujours une source fiable. Bon d’accord c’est un peu exagéré et c’est une erreur commune. La citadelle était pré-existante, et les croisés ont agrandi. Depuis la restauration au 19ème par les Ottomans la structure chrétienne a d’ailleurs largement disparu. Pour avoir toutes les informations et les dates je vous renvoie vers … Wikipédia. Il n’en reste pas moins que le lieu est en excellent état (pour son âge), très grand et offre une superbe vue sur la ville.
Retour par les ruelles des souks pour retourner au bar du matin afin de s’installer à l’ombre (il fait chaud) pour déjeuner, il est 15:30 nous avons faim. Ce qui est bien ici c’est que ce n’est pas l’ambiance des brasseries parisiennes avec leurs serveurs arrogants (plus que Monsieur c’est dire) et coincés. Madame et le reste du groupe arrive avec un sandwich acheté au marché, Monsieur et Petite Demoiselle préfèrent un shawarma et comme le lieu n’en propose pas le patron envoie un garçon en acheter au coin de la rue. Nous prenons quand même les boissons sur place, il ne faudrait pas exagérer.
Avant de partir il nous reste deux arrêts : visiter une des mosquées de la ville et un tour sur la corniche.
Pour la mosquée il faut attendre l’heure de la prière pour qu’elle ouvre et visiter une fois les fidèles sortis. Madame et Petite Demoiselle (et A.) se préparent : veste (ou robe pour Madame) pour couvrir les bras, foulard (acheté au souk pour l’occasion) pour les cheveux. Finalement la mosquée où nous amène A. propose des cours entre les prières et nous sommes accueillis par la directrice qui nous fait visiter et a la gentillesse de répondre à toutes nos questions (pendant que les enfants viennent nous saluer en Français ou en Anglais avec des sourires, la curiosité de voir un groupe de touristes ici étant plus forte que les appels des professeurs). Ce n’est que notre seconde découverte d’une mosquée (la première était à Chypre en avril) et la première vraiment actuelle et utilisée chaque jour. L’ambiance est douce, la décoration allie le dépouillé et la calligraphie sur dorure (le nom du prophète par exemple).
Sur le chemin de la corniche J. nous propose un arrêt surprise : une gare ! Oui, vous avez bien lu : une gare, avec des locomotives. Enfin une ancienne gare en ruine avec des loco rouillées. Vestiges d’une époque où les trains circulaient au Liban. Il en reste ces quelques lieux oubliés et bien sûr quelques fonctionnaires toujours payés pour leur rôle de chefs de gare 🙂
La plage est surtout un lieu de promenade plus que de baignade.
Cette première visite était une belle découverte. Nous reviendrons je l’espère pour visiter la partie de la ville plus Chrétienne (El Mina) histoire de comparer.
Voici les photos (vous pouvez toujours cliquer pour agrandir).